Histoire & Architecture
Situé à 10 Km au sud de Nantes en direction de Clisson, le Château de Goulaine appartient à la région historique du Pays nantais en Bretagne. Sa position géographique lui assurait des liens étroits avec Nantes, longtemps capitale de la Bretagne mais aussi vers l’Anjou et le Poitou.
Le Château de Goulaine est un rare témoignage de la vie d’une même famille seigneuriale du XIIe au XVIIIe siècle.
Un patrimoine exceptionnel entre Bretagne et Val de loire
Un emplacement stratégique et source de revenus
Le Château est situé au cœur des échanges commerciaux, reliant trois territoires importants : la Bretagne, l’Anjou et le Bas-Poitou. Le bassin de Goulaine était un territoire de passage incontournable et utile à l’approvisionnement de la ville de Nantes dès le XIIe siècle.
La présence d’un port, aujourd’hui disparu, permettait l’accès aux marais de Goulaine. Cette zone économique importante était donc source de revenus pour les seigneurs de Goulaine. Les seigneurs de Goulaine y installèrent un système de péage pour leur permettre l’entretien et la gestion du marais.
Les marais sont aussi un atout d’un point de vue militaire puisqu’ils constituent une barrière défensive naturelle au nord.
Une même famille depuis les origines
D’après les textes plus anciens, la famille de Goulaine s’implante ici fin XIe-début XIIe siècle. À la suite d'un service rendu par Marcis de Goulaine à l’abbé de Saint-Jouin, la famille de Goulaine reçoit une partie d’une seigneurie de la puissante abbaye poitevine de Saint-Jouin-de-Marnes au XIIe siècle.
Cette seigneurie faisait partie du comté de Nantes. Les seigneurs de Goulaine percevaient ainsi des revenus et des taxes sur l’exploitation des domaines agricoles. Au-delà de l’aspect économique, cela permit à la famille d’évoluer socialement en se rapprochant des comtes de Nantes.
Au XVIe siècle, la construction de ce château répond à l’évolution économique, politique et sociale de la famille. Elle s’inscrit également dans un vaste programme de reconstruction dans le duché à l’issue des guerres de Bretagne.
La famille de Goulaine eut un rôle important auprès des Ducs de Bretagne grâce à leurs charges d’écuyers, de valets ou d’archers.
La famille s’est ensuite rapprochée de la Cour de France. Christophe II fut gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Louis XII, puis de François Ier. Il côtoyait quotidiennement le roi et assistait au conseil privé. Cette position conféra à la famille une place de haut rang et cette ascension sociale s'illustra à travers la façade du château.
Son arrière-arrière-petit-fils, Gabriel II, fut récompensé par le roi Louis XIII par la création du Marquisat de Goulaine en 1621.
L'histoire fascinante de la famille de Goulaine
Le château de Goulaine, œuvre architecturale
Un château édifié en plusieurs étapes
Le site fut dénommé « Manoir de l’Angle » à partir de 1401.
Dès le XIIe siècle, la dénomination « angle » d’une propriété sous-entend la présence d’une fortification triangulaire ou carrée. Il est donc très probable que la propriété fut dotée d’un système défensif. Cela pouvait se révéler utile à l’époque de la Guerre de Cent Ans ou encore lors des guerres franco-bretonnes de la fin du XVe siècle.
Le château actuel est érigé par Christophe II de Goulaine au début du XVIe siècle, à l’emplacement du manoir.
D’un point de vue architectural, la façade et la cour d’honneur sont caractéristiques de la « Première Renaissance », période charnière entre l’époque médiévale et la Renaissance.
Le corps de logis s’ordonne en 4 travées avec des fenêtres à meneaux moulurés, dominées par une lucarne haute. L’emploi de la pierre de tuffeau permet une grande expressivité du décor qui joue avec la lumière. Ce décor emprunte des modèles traditionnels du gothique flamboyant et innove avec de nouveaux décors annonçant la Renaissance.
La verticalité de l’édifice est soulignée par la superposition de fenêtres et de lucarnes hautes débordant de la toiture, ce qui renvoie à l’architecture gothique.
La présence de la famille de Goulaine à la cour de France leur a permis d’importer les nouveautés culturelles de la Renaissance en province. Cette Première Renaissance est ainsi perceptible par l’utilisation de colonnettes couronnées de chapiteaux corinthiens qui encadrent les baies.